Première lame du jeu, la seule à ne pas être numérotée, Le Mat est constamment chassé sur la route du destin... son incessant vagabondage est le résultat d'une liberté que l'incompréhension des sédentaires confond avec la folie. C'est à vous de choisir si vous souhaitez suivre cet initiateur...
Habile de ses mains, Le Bateleur escamote diverses petites choses pour, de ce spectacle, en tirer profil.
Il lui arrive parfois d'abuser de son habileté : l'illusion se transforme alors en escroquerie.
Ne vous laissez pas totalement charmer par les bonimenteurs et les tireurs de carte !!
Il se peut que La Papesse ait trompé son entourage sur sa véritable identité : il n'en demeure pas moins que sa sagesse et son savoir sont à la hauteur de sa position. Pardon et confiance !
L'Impératrice règne d'autant plus fermement et jalousement sur son royaume qu'on attribut à son sexe une faiblesse constitutive : méfiez-vous des apparences et de vos propres préjugés !
Contrairement à l'impératrice, L'Empereur, sûr de sa puissance et de son droit, se révèle débonnaire : ne vous laissez pas trompé par une apparence stricte et rigoureuse !
La puissance du Pape est d'ordre spirituel, sa force réside avant tout en sa présence symbolique : être-là suffit parfois ! Bien qu'il soit infaillible, rien ne vous empêche de n'en faire qu'à votre tête !
La position de l'Amoureux n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire : sans doute est-il sincère, mais il se peut que ses sentiments ne soient pas reçus de façon réciproque, ou encore qu'une tierce personne interfère dans sa relation.
Une voie royale s'ouvre devant le Charriot. Néanmoins, il faut prendre garde à ce que les chevaux ne s'emballent : une trop grande confiance en soi diminue l'indispensable vigilance. Il faut reconnaitre sa faiblesse et l'utiliser !
La balance de La justice est d'une incroyable précision... malheureusement l'objet d'un contentieux et l'étendue d'un préjudice ne sont pas toujours quantifiable : soyez prudent !
Ce que l'Hermite gagne en sérénité, il le perd évidemment en sociabilité : la solitude lui permet sans doute de trouver la voie de la sagesse... mais il s'égare à la recherche de l'amitié dont il se croit digne.
Si La Roue de Fortune indique traditionnellement la précarité de l'existence et l'arbitraire des choses, il n'en reste pas moins que le jeu véritable consiste à atteindre les meilleurs places et à s'y maintenir coûte que coûte.
Il ne faut pas confondre force et violence : la Force véritable est d'autant plus souveraine qu'elle est sereine !
L'inconfortable position du Pendu est, d'une certaine manière, compensée par sa relative tranquillité : ainsi pris au piège, rien ne sert de s'agiter ! mieux vaut attendre...
On n'échappe jamais à La Mort : la peur qu'on en a ne fait qu’accroître sa présence ! Son effrayante moisson est malheureusement nécessaire au cycle de la vie.
Intelligemment placé entre la Mort (XIII) et le Diable, la Tempérance verse le contenu d'un récipient dans un autre... Certes, elle partage avec mesure entre les avantages et les inconvénients, mais le mélange qui en résulte n'est pas toujours digeste !
La véritable puissance du Diable est celle du sexe ! Les liens avec lesquels il nous enchaîne sont d'une grande solidité... ce n'est d'ailleurs pas toujours une mauvaise chose : laissez-vous tenter !
Si La Maison Dieu est ainsi pulvérisée c'est en raison de l'orgueil de ceux qui l'ont bâti ! méfiez-vous de vous-même : il n'est pas sûr que les raisons que vous invoquez soient celles qui vous meuvent véritablement !
Le désir déverse sans cesse son flot dans le fleuve de la vie. Si L'étoile semble immobile, elle n'en est pas moins entrainée par le vaste mouvement universelle. Un seul mot d'ordre : aimez !
La lumière particulière de La Lune n'est que le reflet nocturne du soleil : mieux vaut parfois la pénombre de l'illusion que la lumière trop vive, trop crue, de la vérité ! Mieux vaut un aveuglement protecteur qu'un aveu destructeur... laissez les loups hurler en vous !
On ne se rend pas suffisament compte de l'influence du Soleil sur nos vies : il rythme notre temps, il détermine nos cycles... il chauffe notre corps et notre cœur : préparez la crème solaire et partez en vacances !
Jaillissant d'on ne sait où, le Jugement nous surprend toujours dans la nudité de notre être : faites en sorte de n'avoir pas besoin d'en rougir et de ressembler à ce que vous prétendez être !
Ce qui est mis au Monde est, par sa nudité première et son innocence, au centre même de la création...
On sait que le XVIIIe siècle fut celui du travestissement[1] et du marivaudage[2], on oubli que le XIXe siècle eut un projet plus ambitieux que le simple masque dont on peut – dont on doit – se défaire : celui de la fusion des deux sexes en une seule entité androgyne. Ce désir fusionnel ne fut pas sans contre-partie : on peut même soupçonner que le « dualisme bizarre »[3] qui troubla les esprits romantiques constitua aussi bien la cause de l’impossibilité de la réalisation de ce désir que celle de son émergence en tant que tel. L’imaginaire « perfection séraphique » se heurta violemment à l’écueil réel de « la division tragique de l’être »[4] qu’elle souhaitait pourtant ardemment réduire, mais qu’elle maintint et peut-être même aggrava.
On a vraiment une vie de merde ! On est moche, gros et gras, on bouffe terriblement mal, on s’habille comme des ploucs, nos mômes sont insupportables et mal-élevés… notre baraque est un taudis dégueulasse et invendable car on a évidemment un goût de chiotte : notre décoration intérieur – reflet de notre minable et insignifiante vie – est vraiment trop pourrave ! 
