« Le sang, même des coupables, souille éternellement les Révolutions. »
Olympe de GOUGES (1748-1793)

Terrorisme – Voici un mot qui, on le sait , est encore malheureusement à l’ordre du jour. Ce mot, employé avec tant d’insistance aujourd’hui, est, s’en souvient-on encore ? intimement lié à l’histoire de France – à cette période originelle sur laquelle repose en grande partie la mythologie politique de ce pays : il est en effet issu de la Révolution française et aux excès qui en ont précipités la fin.

Guillotine

« On entend aujourd’hui par terrorisme cette espèce de tyrannie , ce régime de violence et de sang qui, dans l’année 1793, pesa sur la France , sous le nom de gouvernement révolutionnaire. »[1]

1793 – la terreur à l’ordre du jour

Le 13 juillet, Charlotte Corday assassine le citoyen Marat, l’ami du peuple, la terreur des tyrans[2]. Peu de temps après cet évènement, durant la séance du vendredi 30 août 1793 du Club des Jacobins, un certain Royer s’écrit : « Faut-il donc être mort pour avoir raison ? S’il en est ainsi, que la moitié de la France meure pour sauver l’autreRoyer réclame alors « Qu’on place la terreur à l’ordre du jour, c’est le seul moyen de donner l’éveil au peuple et de le forcer à se sauver lui-même »[3] ! Ce mot d’ordre sera suivi avec le zèle que l’on sait : près de 40.000 (?) suspects trouveront la mort durant cette période… Robespierre, le 5 février 1794, justifie cette politique ainsi : « La terreur n’est autre chose que la justice prompte, sévère, inflexible ; elle est donc une émanation de la vertu ; elle est moins un principe particulier qu’une conséquence du principe général de la démocratie, appliqué aux plus pressants besoins de la patrie »[4]

1794 – La Réaction Thermidorienne

Vint enfin le 9 Thermidor (27 juillet 1794). Après la chute de Robespierre, quiconque était suspecté d’être un terroriste – c’est-à-dire, comme l’indique, dès 1798, le Dictionnaire de l’Académie Française[5], d’avoir été un agent ou d’être encore un partisan de la Terreur – est arrêté, souvent déporté ou parfois guillotiné[6].

Comme l’explique le conventionnel (et régicide) Pierre Paganel, « Le mot terroriste fut un cri de vengeance. Il sortit du fond des tombeaux, au moment où s’y réunirent, avec leurs victimes, les tyrans, les bourreaux de la terreur. Mais les réacteurs s’en emparèrent. Il n’est plus d’asile, plus de refuge, plus de pitié, pour le citoyen que cette dénomination poursuit. »[7]

La tentation est grande déjà de regarder « les terroristes comme une espèce d’hommes, ou plutôt de monstres à figure humaine jusqu’alors inconnue ; comme une race d’êtres féroces, venus des pays lointains » ! Et bien non :
« Un terroriste est tout simplement un patriote exalté »[8]

1796 – La Conspiration des Égaux

Ce qu’il y a de fascinant dans la généalogie de ce mot, c’est que ce serait le fameux Gracchus Babeuf[9] qui l’aurait forgé : « Devenu libre, il se rendit à Paris et ne commença à s’y faire connaître qu’après la chute de Robespierre. Alors il adopta le nom de Gracchus, se fit journaliste sous le titre de tribun du peuple, fut l’un des co-rédacteurs des pamphlets qui parurent sous divers titres contre les jacobins non réacteurs, et leur donna le premier l’épithète de terroristes. »[10] Je n’ai malheureusement pas encore trouvé la preuve directe de cette affirmation… « Une chose qui frappe encore dans les écrits de Babeuf, » remarque Eugène Hatin dans son histoire de la presse, « ce sont les nombreux néologismes dont ils sont émaillés; on y rencontre des mots tels que ceux-ci : amoncelage, dépopuler, dépropriétairiser, égorgerie, foudroyade, furorisme, nationicide, populicide, etc., etc. C’est à lui, si l’on en croit M. Cabet, que notre langue doit le mot terroriste, qui eut une meilleure fortune que la plupart de ceux qu’enfanta sa manie d’innover. »[10bis]

babeufIl semblerait donc que Gracchus Babeuf accueillit favorablement la chute de Robespierre, mais très vite il se rendit compte du dévoiement des Thermidoriens, et commença à réclamer un retour à la Constitution de 1793 : « Les Terroristes, menacés d’une destruction complète, imaginèrent un moyen de résistance qui décelait une tactique assez habile : ce fut de réclamer l’exécution de la constitution de 93, œuvre informe et malheureuse, que les Jacobins avaient eux-mêmes voilée pendant leur domination, mais qui avait en sa faveur un droit positif. »[11]. Cette constitution écrite par Robespierre et Saint-Just fut en effet qualifiée de démocratique et reste, aujourd’hui encore, un modèle dans le genre… elle ne fut néanmoins jamais appliquée (beaucoup ont jugé qu’elle n’était pas applicable).

Il est facile d’expliquer la position de Gracchus Babeuf et de certains de ses contemporains : « L’on pensait communément que tous les malheurs du règne de Robespierre ne seraient point arrivés, si après avoir fait accepter et suivre sa propre constitution on l’avait suivie et exécutée. »[11bis] De plus, la Constitution imposée par les Thermidoriens était à ce point caractérisée par « l’absence de tout but social »[11ter] qu’il devint nécessaire de réclamer, en dépis de la Terreur, un retour à la Constitution de Robespierre et de Saint-Just.

« il ne nous restoit plus qu’une inquiétude réelle ; c’étoit celle que nous donnoient les anarchistes , conspirant hautement au club du panthéon, provoquant chaque jour l’égorgement du corps législatif, du directoire , et voulant par toutes sortes de forfaits rétablir la constitution de 93. »[12] Voici donc qu’apparait un mot, auquel je ne m’attendais pas, qualifiant les partisans de Babeuf d’anarchistes[13] !

« [...] ce ne fut qu’en l’an V, le 7 prairial, après d’immenses plaidoiries , que se termina enfin cette affaire par un jugement définitif, qui condamna à mort les terroristes Babeuf et Darthé. »[13bis] Babeuf avait créer un mot qui finalement se retourna contre lui !

1800 – Les Attentats contre Bonaparte

Le 18 brumaire de l’an VIII, sous le faux prétexte que les députés seraient menacés d’un complot terroriste, le Conseil des Cinq-Cents est déménagé à Saint-Cloud… les députés, placés sous la garde de Bonaparte et de son armée, sont pris au piège[14]. Le coup d’état aura bien lieu, mais pas à l’instigation de ceux que l’on fuyait. Bonaparte devient Premier Consul.

Le XIXième siècle s’ouvre sur un évènement particulièrement violent et sanglant : le 24 décembre 1800, alors que le Premier Consul se rend à l’Opéra, une machine infernale, cachée dans une charette, explose rue Saint-Nicaise[14bis]. Le bilan est lourd : 22 morts ! Malgré les preuves accumulées par Fouché de l’implication des Royalistes, Napoléon préfère en accuser les Jacobins et les terroristes… détournement du sens de l’acte terroriste, instrumentalisation par celui-là même qui en est la cible.

Rue Saint Nicaise

Peu de temps avant ce sanglant attentat, un autre complot avait été déjoué : « Un nommé Chevalier, ouvrier employé dans les fabrications d’armes, établies à Paris sous la Convention , avait été surpris travaillant a une machine affreuse. C’était un baril rempli de poudre et de mitraille , auquel était ajusté un canon de fusil avec une détente. Cette machine était évidemment destinée à faire sauter le Premier Consul. L’inventeur fut saisi, et jeté en prison. Cette nouvelle invention fit quelque bruit , et contribua davantage à tenir tous les regards fixés sur ceux qu’on appelait les jacobins et les terroristes. »[15]

On peut ici facilement entrevoir le futur glissement sémantique qui, oblitérant le référent historique auquel ce mot est attaché, fera du terroriste un poseur de bombe…

1830 – Les Attentats contre Louis-Philippe

Jamais roi ne fut la cible d’autant d’attentats : L’attentat de Fieschi (28 juillet 1835) (19 morts) – L’attentat d’Alibaud (25 juin 1836) – L’attentat de Meunier (27 décembre 1836) – Le complot de Champion (19 janvier 1837) – Le complot de Hubert (décembre 1837) – L’attentat de Darmès (15 octobre 1840) [16]

« Le roi Louis-Philippe disait un jour, avec une gaieté pleine en même temps de courage et de mélancolie, qu’il n’y avait que lui en France contre qui la chasse fût toujours ouverte, et qui eût toujours un fusil à l’affût braqué sur sa tête. »[17]

fieschiVictor Hugo rapporte (dans Choses vues) que Fieschi aurait déclaré durant son procès : « Dans quelques jours, ma tête sera séparée de mon corps, je serai mort et je pourrirai sous la terre. J’ai commis un crime et je rends un service. Mon crime, je vais l’expier ; mon service, vous en recueillerez les fruits. Après moi, plus d’émeutes, plus d’assassinats, plus de troubles. J’aurai essayé de tuer le roi, j’aurai abouti à le sauver ». Inversion inattendue : l’attentat finit par renforcer ce qu’il cherchait à déstabiliser…

1858 – Les Attentats contre Napoléon III

…Giovanni Pianori (28 avril 1855)… Felice Orsini (14 janvier 1858)…

1890 – L’Anarchisme et la propagande par le fait [18]

Nombreux sont ceux qui, après Fieschi lui-même, remarquent l’inversion des effets de l’action terroriste par rapport aux buts qu’elle cherche à atteindre. Ainsi Ernest LAUT dans Le Petit Journal illustré daté du 16 Février 1908 explique que « le meurtre politique n’est pas seulement abominable ; il est encore, le plus souvent, inutile. Parfois même il produit des effets complètement opposés à ceux qu’ en attendent les meurtriers. Jamais ces horribles dénouements de la passion politique n’atteignent leur but. »[19]

Comme dans la période précédente, de nombreux attentats « restent encore dans la tradition du tyrannicide : ils ne visent qu’à tuer le despote. »[21] : Ernest LAUT note, en effet, que « Douze chefs d’ Etat ont été assassinés au cours du dix-neuvième siècle. Sur ce nombre, trois seulement périrent, dans les soixante-cinq premières années du siècle ; les neuf autres ont été tués de 1865 à 1900. »[19]

Cette accélération constatée à partir de 1865 n’est pas sans rapport avec l’invention d’Alfred Nobel[20] : la dynamite offre, en effet, un moyen de destruction beaucoup plus efficace, facilement manipulable et très répandu (carrière, mine…).

Emile Henry

1894 – Émile Henry au café Terminus

« Dans cette guerre sans pitié que nous avons déclarée à la bourgeoisie, nous ne demandons aucune pitié. Nous donnons la mort et nous devons la subir.»

Les attentats se multiplièrent donc, de sorte que, parallèlement aux actions politiquement ciblés, des attentas indiscriminés – tel celui du café Terminus d’Émile Henry pour qui « il n’y a pas d’innocents » – font leur apparitions. Les objectifs des poseurs de bombes se diversifient : de proprement politique, les revendications deviennent plus floues, quasi-existentielles… le hasard devient un élément primordial de la stratégie de la terreur (n’importe qui, n’importe où, n’importe quand).

« Un ennemi mortel de l’anarchie n’eut pas mieux agi que cet Émile Henry, lorsqu’il lança son inexplicable bombe au milieu de tranquilles et anonymes personnes venues dans un café pour y boire un bock, avant d’aller s’en coucher », déplora le romancier anarchiste Octave Mirbeau.

Attentat d'Auguste Vaillant 1893

« Le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes. »[21] : l’impact médiatique devient plus important que la déflagration elle-même. C’est ainsi que l’on retrouve la définition classique du mot : « TERREUR ; subftantif fémin. Terror. Émotion causée dans l’âme par l’image d’un mal ou d’un péril prochain, épouvante, grande crainte. »[22]

28 juin 1914, à Sarajevo, Gavrilo PRINCIP

1947 – L’hégémonie de la voiture piégée

« ce n’est qu’en 1947 que l’idée de la voiture piégée en tant qu’arme de guérilla urbaine trouva son incarnation définitive. Le 12 janvier de cette année-là, le groupe Stern, une troupe de combattants irréguliers de la droite sioniste, lança un camion d’explosifs sur un commissariat de police britannique de Haïfa, en Palestine, faisant 4 morts et 140 blessés. Le groupe Stern, bientôt rejoint par les miliciens de l’Irgoun, faction dont ils avaient scissionné en 1940, n’allait pas tarder à utiliser camions et voitures piégés contre les Palestiniens également. Cette créativité dans la barbarie fut aussitôt imitée par des déserteurs britanniques combattant du côté arabe.. »[23]

Il faut remarquer que, si l’attentat terroriste fait parti à un moment donné de la panoplie d’action d’un groupe d’intérêt, ce groupe, une fois que les objectifs atteints, peut très bien abandonner cette stratégie et même en devenir à son tour victime…

1970 – nitrate-fioul : le mélange parfait

« Mais la véritable ouverture des portes de l’enfer eut lieu en août 1970, quand quatre étudiants américains, en signe de protestation contre la collaboration de leur campus dans l’effort de guerre au Vietnam, firent exploser la première voiture piégée chargée de mélange de nitrate d’ammonium et de nitrate de fioul (ANFO) devant le Centre de recherches militaires en mathématiques de l’Université du Wisconsin. Deux ans plus tard (le 21 juillet 1972, connu comme le « Vendredi sanglant »), l’IRA provisoire employait le même équipement meurtrier pour ravager le quartier des affaires de Belfast. Fabriquée à partir de produits industriels d’usage courant et d’engrais synthétiques, cette nouvelle génération d’explosifs se caractérisait par leur faible coût et leur puissance stupéfiante : avec eux, le terrorisme urbain passait du stade artisanal au stade industriel, ouvrant la voie à des attaques massives contre des zones urbaines de grande ampleur et permettant la destruction intégrale de gratte-ciel de béton armé et de tours d’habitation.. »[23]

1980 – l’attentat-suicide

« Depuis l’attaque contre l’ambassade américaine à Beyrouth, en avril 1983, Pape a ainsi recensé [6], en 2003, 188 différents attentats-suicides dans le monde, qui ont touché le Liban, Israël, le Sri Lanka, l’Inde, le Pakistan, l’Afghanistan, le Yémen, la Turquie, l’Algerie, la Russie et les États-Unis. Il en comptait 31 dans les années 1980, 104 dans les années 1990, et 53 en 2000 et 2001, indiquant ainsi une diffusion constante de ce modèle tactique.

Mais si Pape comptait 188 attentats-suicides sur deux décennies, ceux-ci ont atteint un pic inégalé après les attentats du 11 septembre 2001. Ainsi, 80% des attentats-suicides depuis 1968 ont eu lieu après le 11 septembre 2001, selon Bruce Hoffmann, vice-président de la Rand Corporation [5]. De 2000 à 2004, il y a eu 472 attentats-suicides, dans 22 pays, qui ont tué plus de 7 000 personnes [5], soit plus du double que lors des deux décennies précédentes. »[24]

Je ne souhaite pas m’aventurer dans l’histoire moderne du terrorisme… néanmoins, force est de constater que l’inversion de son effet, amplifiée par l’écho médiatique qu’il suscite, rend inévitable les manipulations et l’instrumentalisation de l’acte terroriste (notamment par les services secrets[25])


1 Pierre Paganel, Essai historique et critique sur la Révolution Française, p.312, 1815 (ce livre, initialement publié en 1806, fut interdit)

2 Terreur des tyrans… réf ?

3 Royer, séance du vendredi 30 aout 1793, Journal des débats de la société des Jacobins, N° 486

4 Choix de rapports, opinions et discours prononcés à la tribune nationale, Tome XIV, Année 1794, p.19, 1821.

5 Dictionnaire de l’Académie françoise. Revu, corrigé et augmenté par l’Académie elle-même, Tome Second, p.575, l’an IV de la République (1798)

6 « On avait incarcéré , avant le 9 thermidor , les suspects d’aristocratie ; on incarcerait alors les suspects de terrorisme ; l’une et l’autre suspicion conduisaient également à la mort. » Antoine Fantin-Desodoards, Histoire philosophique de la Révolution de France, Tome Sixième, p.150, 1801

7 Essai historique et critique sur la Révolution Française Par Pierre Paganel, p.312, 1815 (ce livre, initialement publié en 1806, fut interdit)

8 « Il n’est pas indifférent de déterminer ce qu’on doit entendre par terroriste, et de fixer le sens de cette dénomination nouvelle : car on pourrait s’en faire un jour les idées les plus extraordinaires. On regarderoit peut-être les terroristes comme une espèce d’hommes, ou plutôt de monstres à figure humaine jusqu’alors inconnue ; comme une race d’êtres féroces, venus des pays lointains, et attirés en France par les jacobins pour être les ministres de leurs fureurs, et des instruments de pillage, de ruine et de désolation. Un terroriste est tout simplement un patriote exalté qui a toujours présent à la mémoire ce mot exécrable de St. Just, osez, et son commentaire, si vous épargnez un seul aristocrate , vous préparez cinquante ans de troubles et de déchirements, &c. &c, » François Louis d’Escherny, De l’égalité ou principes généraux sur les institutions civiles, politiques et religieuses, Tome Second, Livre Douzième, note (5), p.459 – 1796.

9 François Noël BABEUF (ou BABOEUF) est né, comme son deuxième prénom l’indique, en décembre 1760… apprenti chez un notaire feudiste, c’est-à-dire spécialiste du droit féodal, il devient géomètre et commissaire à terrier (voir ce mot sur Wikipedia)… Il faut noter que ce métier constitue le socle même de son engagement… En 1789, il écrit Le cadastre perpétuel, livre dans lequel il se propose « D’indiquer des moyens que nous croyons les seuls capables de faire cesser l’inégalité de répartition [...]». « Nous ne pensons pas devoir prétendre à réformer le monde, au point de vouloir rétablir exactement la primitive égalité : mais nous tendons à démontrer que tous ceux qui sont tombés dans l’infortune, auraient le droit de la redemander [...]» ! il prend le nom de Gracchus en l’honneur de Tiberius Sempronius Gracchus, Tribun du Peuple, qui, en 133 avant notre ère, distribua les terres publiques (ager publicus) puis se fera assassiné… son frère, Caïus Gracchus ordonnant la distribution gratuite de blé (lois fromentaires) sera contraint au suicide (?)…

Dans son livre intitulé Du Système de Dépopulation, ou la vie et les crimes de Carrier, il dénonce un « affreux plan d’extermination et de dépeuplement général » : « Avec le système de dépopulation et de nouvelle disposition répartitive des richesses entre ceux qui doivent rester, on explique tout, guerre de Vendée, guerre extérieur, proscriptions, guillotinades, foudroyages, noyades, confiscations, maximum, réquisitions, préhensions, largesses à certaine portion d’individu, etc. »

La Conjuration des Égaux (1796) « L’instant est venu de fonder la République des Egaux, ce grand hospice ouvert à tous les hommes. » (Manifeste des Égaux)
Dans sa défense devant la Haute-Cour de Vendôme, Gracchus Babeuf nie qu’il y ait jamais eu conspiration : « Suis-je un conspirateur ?… Je montrerai que je ne fus qu’apôtre des principes de la démocratie pure, parce que je la crus être le seul but de la Révolution [...]». Il affirme qu’il ne s’est « arrêté à ce système qu’en pure spéculation [...]» et enfin « qu’il n’a jamais existé d’organisation, de principe d’exécution, d’intention et de buts tels que le présente l’accusation [...]» « L’audience terminée, les prévenus entonnèrent l’Hymne des Marseillais. La gravité de leur accusation, ce chant de victoire , leur contenance assurée, tout ce spectacle dut frapper et frappa les esprits d’étonnement et de terreur. » (Histoire du Directoire exécutif de la République française Par P. F. Henry, 1801) Preuve indéniable à mes yeux que l’accusation ne tenait pas, la plupart des accusés sont acquittés ! Quelques uns, parmis lesquels se trouve Buonarroti, sont condamnés à la déportation. Seuls Gracchus Babeuf et un certain Darthé sont condamné à mort : « Babœuf et Darthé eurent à peine entendu leur condamnation, qu’ils se frappèrent d’un poignard. Le sang jaillit aussitôt, et les gendarmes, à la garde desquels ils étoient confiés , les empêchèrent de se porter un nouveau coup. Le trouble et l’eflroi se répandirent dans l’assemblée. On descendit les condamnés dans la maison de justice , où Darthé, qui avoit perdu connoissance , revint à lui. Ils furent exécutés quelques heures après le jugement. » 27 mai 1797 – « Je suis prêt à m’envelopper dans la nuit éternelle. », écrit-il à sa femme avant de monter sur l’échafaud.

« La conspiration des Égaux est le dernier effort tenté par les Républicains pour enrayer la contre-révolution.» A. Ranc
Documents :
- Philippe Buonarroti, Conspiration pour l’égalité dite de Babeuf, 1828.
- Textes de Babeuf sur Gallica.

10 article BABEUF (Camille, ou Gracchus) in Biographie moderne, ou, Galerie historique, civile, militaire, politique et judiciaire, Tome I, 1806

10bis Eugène Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, 1860 – Etienne Cabet (1788 – 1856), communisme utopiste, a notamment écrit le fameux Voyage en Icarie

11 Éphémérides universelles, Par Antoine Vincent Arnault, Guillaume Édouard D. Monnais…, 1834

11bis Durand de Maillane, Histoire de la Convention nationale, p.272, 1825

11ter « L’absence de tout but social marqua la constitution des thermidoriens d’un caractère absolu de fédéralisme. La manière dont la qualité de citoyen français est déterminée dans chacun de ces deux systèmes, établit encore entre eux une différence capitale. Selon la déclaration des droits de 1793, tout homme né et domicilié en France, et âgé de vingt-un ans accomplis, était membre du souverain; selon celle de 1795, il fallait payer une contribution directe,foncière ou personnelle pour faire partie du corps politique. C’était transformer la nationalité française en un fédéralisme de contribuables, en dehors duquel la classe pauvre n’aurait d’autre lien que l’exploitation des riches, et le code pénal de ceux qui la gouverneraient en leur nom. Une question de forme qui avait alors une grande valeur, parce que tous les partis révolutionnaires, sans distinction de nuance, l’avaient résolue d’une façon, et les partis royalistes d’une autre, fut tranchée par les thermidoriens dans le sens des royalistes constitutionnels. » Philippe-Joseph-Benjamin Buchez, Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française, p.483, 1837

12 Lazare Carnot, REPONSE DE L.N.M.CARNOT, CITOYEN FRANÇAIS, L’UN DES FONDATEURS DE LA RÉPUBLIQUE, ET MEMBRE CONSTITUTIONNEL DU DIRECTOIRE EXECUTIF: Au RAPPORT fait sur LA CONJURATION du 18 Fructidor, An. 5e. … , pp 175-176, 1799.

13 « Anarchiste. Cette qualification fut donnée au parti démagogique de la convention nationale par les Girondins, et à ceux qui, depuis le 9 thermidor an 2, restés attachés aux principes du gouvernement révolutionnaire, formèrent plusieurs entreprises contre la majorité de la convention, et ensuite contre l’autorité constitutionnelle. On a aussi appelé le même parti la queue de Robespierre. » TABLE EXPLICATIVE des expressions introduites dans la langue pendant la révolution de France , et de celles dont la véritable acception a été dénaturée. in Biographie moderne, ou, Galerie historique, civile, militaire, politique et judiciaire, Tome I , 1806 – « Babouviste ou anarchiste , partisan de Babeuf.», Ib.

13bis Pierre Jean Baptiste Nougaret, Histoire de la guerre civile en France, et des malheurs qu’elle a occasionnés, 1803.

14 « Comme moyens , Sieyes se chargeait de faire voter la translation du Corps-Législatif à Saint-Cloud, afin d’isoler le coup d’Etat de toute résistance populaire; il devait en outre stipuler dans le décret que cette translation se ferait sous la garde d’un général à qui le commandement de la 17″ division militaire et de toutes les troupes campées aux environs de Paris devait être confié. Une fois qu’on tiendrait ainsi entre des baïonnettes la représentation nationale, on devait lui arracher la sanction des plans arrêtés , obtenir assez de démissions de Directeurs pour faire dissoudre le Directoire , et constituer un Consulat avec trois membres , Bonaparte, Sieyes et Roger- Ducos. » Achille de Vaulabelle, Louis Reybaud, Histoire scientifique et militaire de l’expédition française en Égypte,

14bis Robert Ouvrard, L’attentat de la rue Saint-Nicaise on www.histoire-empire.org

15 A. Thier, Histoire du consulat et de l’empire, Tome Deuxième, pp. 307-308, 1845

16 Cour des Pairs, Attentat du 28 juillet 1835, Acte d’Accusation 1837 - Cour des Pairs, Attentat du 27 décembre 1836, Interrogatoire des accusés, 1837 – …

17 Saint-Marc Girardin, Souvenirs et réflexions politiques d’un journaliste, p. 300, 1859.

18 « propagande par le fait », l’expression aurait été inventée en août 1877 par l’anarchiste français Paul Brousse lorsqu’il prit la parole sur la tombe de Michel Bakounine – « L’heure est venue de passer de la période d’affirmation à la période d’action, et de joindre à la propagande verbale et écrite, dont l’inefficacité est démontrée, la propagande par le fait et l’action insurrectionnelle. » Congrès international « antiautoritaire » de Londres, 14 juillet 1881, cité par Jean Maitron, Ravachol et les anarchistes, Paris, Julliard, 1964, p. 11. – voir la liste des attentats anarchistes de 1880 à 1914

19 Ernest LAUT, L’ ASSASSINAT POLITIQUE, in Le Petit Journal illustré du 16 Février 1908. – On retrouvera le même genre d’analyse après l’attentat de Piazza Fontana, à Milan, le 12 décembre 1969 : « Ce massacre d’innocents à la banque n’a servi qu’à créer la tension nécessaire pour que les citoyens écoeurés, indignés par tous ces crimes de la subversion, demandent eux-mêmes l’avènement d’un Etat fortDario Fo, Mort accidentelle d’un anarchiste – « Le terrorisme gauchiste et le terrorisme étatique, quoique leurs mobiles soient incomparables, sont les deux mâchoires du même piège à consJean-Patrick Manchette, Nada, série noire, 1972

20 En 1888, on annonça prématurément la mort de l’homme de science en ces termes : « Le marchand de la mort est mort. Le Dr. Alfred Nobel, qui fit fortune en trouvant le moyen de tuer plus de personnes plus rapidement que jamais auparavant, est mort hier ». Cette notice nécrologique incita Nobel a créer le prix qui porte aujourd’hui encore son nom.

21 « L’attentat de la rue Saint-Nicaise en 1800, ou la machine infernale du boulevard du Temple en 1835, les complôts de carbonari et autres associations secrètes, restent encore dans la tradition du tyrannicide : ils ne visent qu’à tuer le despote. Le terrorisme au sens moderne naît avec les médias modernes. » François-Bernard HUYGHE, Message et terreur, acteurs et vecteurs in Sécurité Globale.

22 Le Grand Vocabulaire François par une société de gens de lettres, p.502, 1773.

23 Mike Davis, Petite histoire de la voiture piégée, Traduit de l’anglais par Marc Saint-Upéry, Zones, 2007 – la traduction parle de mélange de nitrate d’ammonium et de nitrate de fioul (ANFO) : il semblerait qu’il s’agisse d’une erreur.

24 http://fr.wikipedia.org/wiki/Attentat-suicide – Robert A. Pape, Dying to Win: The Strategic Logic of Suicide Terrorism (Mourir pour vaincre : la logique stratégique du terrorisme suicidaire), 2005

25 Les exemples sont nombreux de l’implication soupçonnée de service secret dans l’élaboration d’attentat… Deux articles réçents font état d’une telle implication dans deux affaires différentes :
19 septembre 1989 : un attentat attribué à la Libye frappe un avion français. Histoire secrète d’une négociation.Attentat de Karachi – On pourrait multiplier les exemples à l’infini …


Thierry Vareilles, Histoire d’attentats politiques, de l’an 44 av. Jésus-Christ à nos jours, L’Harmattan, 2005

Marc Hecker, Du bon usage de la terreur, in Focus stratégique n°6, Paris, Ifri, avril 2008

La France face au terrorisme, Livre blanc du Gouvernement sur la sécurité intérieure face au terrorisme 2006 (pdf)

www.terrorisme.net

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