« Les sens sont les organes par lesquels l’homme se met en rapport avec les objets extérieurs. » (Brillat-Savarin, Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante, 1826)

Physiologie du goût

« Nombre des sens.

1- On doit en compter au moins six : la vue, qui embrasse l’espace et nous instruit, par le moyen de la lumière, de l’existence et des couleurs des corps qui nous environnent ; l’ouïe, qui reçoit, par l’intermédiaire de l’air, l’ébranlement causé par les corps bruyants ou sonores ; l’odorat, au moyen duquel nous flairons les odeurs des corps qui en sont doués ; le goût, par lequel nous apprécions tout ce qui est sapide ou esculent ; le toucher, dont l’objet est la consistance et la surface des corps ; enfin le génésique ou amour physique, qui entraîne les sexes l’un vers l’autre, et dont le but est la reproduction de l’espèce.

[...] tous les sens ont été amenés au secours les uns des autres, pour l’utilité et le bien-être du moi sensitif, ou, ce qui est la même chose, de l’individu. ainsi, le toucher a rectifié les erreurs de la vue ; le son, au moyen de la parole articulée, est devenu l’interprète de tous les sentiments ; le goût s’est aidé de la vue et de l’odorat ; l’ouïe a comparé les sons, apprécié les distances ; et le génésique a envahi les organes de tous les autres sens.

[...]

Nous avons dit plus haut que le génésique avait envahi les organes de tous les autres sens ; il n’a pas influé avec moins de puissance sur toutes les sciences ; et en y regardant d’un peu plus près, on verra que tout ce qu’elles ont de plus délicat et de plus ingénieux est dû au désir, à l’espoir ou à la reconnaissance, qui se rapportent à la réunion des sexes.

Telle est donc, en bonne réalité, la généalogie des sciences, même les plus abstraites, qu’elles ne sont que le résultat immédiat des efforts continus que nous avons faits pour gratifier nos sens. »

Brillat-Savarin, Physiologie du goût, ou Méditations de gastronomie transcendante, 1826

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