« Supposons que vous ayez sur votre table, à droite, le crâne de Descartes ; à gauche, ses écrits : qui vous en apprendra le plus sur le grand philosophe et le grand mathématicien ? »[0]

le crâne de descartes du Musée de l'Homme

« Le crâne de Descartes est une relique respectable sans doute, mais qui le serait bien plus encore, si elle était quelque peu authentique. » [1]

Malgré tout le cartésianisme dont nous nous targuons en France, nous sommes curieusement toujours préoccupés par les restes de nos grands hommes : il y a quelques mois encore, le premier ministre actuel a soutenu un projet de translation[2] du crâne de Descartes d’un lieu (le Musée de l’Homme) à un autre (le Prytanée militaire de La Flèche) : « il y aurait une logique à ce que son crâne retrouve ainsi le lieu de formation de son esprit »[3]… accaparement des reliques auxquelles on semble toujours attribuer une force magique, un pouvoir religieux de réversibilité.

Buste de Descartes par Paul Richer N’est-il pas surprenant qu’un penseur qui choisit l’exil, afin de profiter de la liberté[4] que son pays d’origine ne lui offrait pas, soit devenu le symbole même du pays qu’il quitta sans aucun regret ?

Descartes, après avoir vécu vingt ans en Hollande, mourut en Suède en 1650. Ce n’est qu’en 1666 qu’on se préoccupa de rapatrier ce qui restait du corps du philosophe dont la pensée toujours scandaleuse venait pourtant à peine d’être mise à l’index[5] : « Lorsque les cendres de DESCARTES, né en France & mort en Suède, furent rapportées, seize ans après sa mort, de Stockholm à Paris ; lorsque tous les savans rassemblés dans un temple, rendoient à sa dépouille des honneurs qu’il n’obtint jamais pendant sa vie, & qu’un orateur se préparait à louer devant cette assemblée le grand homme qu’elle regrettoit, tout-à-coup il vint un ordre qui défendit de prononcer cet éloge funébre. »[6]

L’histoire de ce rapatriement (dont l’ordre fut donné en mai 1666 par un ami de Descartes, M. D’Alibert, Trésorier de France, et pleinement exécuté en janvier 1667 grâce au concours du chevalier Terlon, ambassadeur de France en Suède, avec l’aide de M. de Pompone qui devait lui succéder à ce poste) constitue une véritable épopée dont on devrait d’ailleurs faire un roman. Comme le fera remarquer Delambre, il n’est nulle part indiqué dans le récit de cette aventure que le crâne du penseur avait disparu : « le crâne eut entièrement disparu , on aurait eu grand soin de l’exprimer »[6bis]

Quoi qu’il en soit, dans les années 1750, c’est-à-dire, comme par hasard, au moment du centenaire de la mort du philosophe, on annonça que l’on avait retrouvé son crâne[7].

Pour expliquer la mutilation dont la dépouille de Descartes aurait été victime, on raconte alors que ce serait un « officier des gardes de la ville de Stockholm qui eut la commission de faire lever le cercueil de Descartes, de l’endroit où il étoit enterré, et de le transporter en France, ayant trouvé moyen d’ouvrir la bierre, il en ôta le crâne de Descartes, qu’il garda le reste de ses jours fort soigneusement, comme une des plus belles reliques de ce grand philosophe. »[8]

On prétend en outre que cet officier aurait laissé une note posthume affirmant que « Ce seroit grièvement offenser les dieux tutélaires de la Suède, que de rendre la plus noble partie de ce grand philosophe François à son ingrate patrie ; elle n’est pas digne de posséder un trésor si précieux , ni de jouir d’un si grand bienfait. »[9]

L’illustre crâne orna la collection de quelques amateurs éclairés. L’un d’eux inscrivit sur la surface même de la boîte crânienne : « Ce tout petit crâne a appartenu au grand Descartes »[10]. Au moment de la controverse sur la phrénologie et sur la taille du cerveau par rapport à l’intelligence, on invoquera d’ailleurs cette particularité de la soi-disant boîte crânienne du philosophe. Un certain docteur Sparmann, « connu pour son voyage autour du monde avec le capitaine Cook », finit par vendre la relique aux enchères[11]

« En 1821, M. Berzelius ayant eu l’occasion de se procurer en Suède la tête de Descartes, il s’empressa de la renvoyer dans la patrie de ce grand homme. G. Cuvier présenta cette tête à l’Académie des sciences, le 30 avril 1821. Il donna lecture de la lettre où M. Berzelius rend compte des détails connus sur l’histoire de cette tête et qui constatent son authenticité. Cuvier présenta en même temps un portrait gravé de Descartes, et fit remarquer que tous les traits fixés par la partie osseuse sont semblables aux caractères de la tête adressée par M. Berzelius ; ce qui achève de prouver que c’est en effet la véritable tête de Descartes. »[12]

Durant la séance du 14 mai 1821 de l’Académie des Sciences, « M. Delambre lit la note suivante sur la tête envoyée de Suède, comme étant celle de Descartes, dans laquelle il expose ses doutes sur l’authenticité de ce morceau. »[13] Malgré tous les arguments de Delambre, Cuvier « persiste à croire à l’authenticité du crâne de Descartes, qui d’ailleurs lui offre des traits de ressemblance avec la gravure , où le grand homme est représenté. »

René Descartes

L’apparition, en 1821, de la prestigieuse relique arrive à point nommé pour étayer ou infirmer les théories phrénologiques de Gall et Spurzheim[14]. Je n’ai malheureusement pas le courage de m’étendre sur ce passionnant sujet, néanmoins je ne résiste pas à l’envie de citer cette savoureuse anecdote : « Je me souviendrai toujours que Spurzheim m’a montré un jour, comme très-authentique, un plâtre qu’il m’assurait représenter le crâne de Descartes. Ce crâne était celui d’un sot, d’après les règles phrénologiques. J’en fis l’observation. Spurzheim me montrait en vain les protubérances frontales qui n’existaient point ; il les voyait sans doute, mais moi je ne les voyais pas. Pressé pourtant par l’évidence, il finit par dire que si le crâne n’était pas aussi beau que je l’eusse désiré, c’est qu’en effet Descartes n’était pas aussi grand esprit qu’on le croyait généralement. Ne pouvant agrandir le crâne pour y loger le génie de Descartes, il se décida à amoindrir le génie de Descartes pour qu’il put entrer dans le crâne. »[15]

Descartes par Paul RicherEn janvier 1910, la Seine est en crue, Paris est inondé : « L’eau remonte la rue Buffon et inonde les galeries au sous-sol du Muséum. Les os, de dinosaure ou autres, y flottent en désordre. En Suède, on s’occupe ces années-là d’éditer la correspondance de Berzélius et Berthollet et l’édition une fois réalisée, un exemplaire est gracieusement envoyé à l’académie des sciences de Paris. Quelqu’un s’avise d’y lire les échanges à propos du crâne de Descartes et le 23 septembre 1912, l’académie s’interroge : l’objet lui aurait donc été envoyé – où pourrait-il bien se trouver ? Des courriers sont adressés un peu partout et le Muséum répond : effectivement, Cuvier lui-même y a déposé le crâne, mais, en raison des inondations récentes, il est introuvable. Les journalistes se saisissent de l’affaire, des reporters visitent le chaos du Muséum après le déluge, farfouillent parmi les galeries les empilements d’os pêle-mêle. Dans les cafés et restaurants, on ne parle que de cette affaire. Après que tout le personnel du Muséum a été mobilisé, un crâne refait surface – si l’on peut dire –, mais sans sa boîte. Est-ce le bon ? A nouveau, on réunit les experts. L’un d’entre eux, Paul Richer, est un élève de Charcot, avec qui il a travaillé sur l’hystérie. Il a deux spécialités : l’anatomie et l’art, puisqu’il est un fin connaisseur de l’anatomie dans les tableaux de la renaissance. Il reprend l’approche de Cuvier (dont on se souvient qu’il avait confronté le crâne de Descartes avec une gravure de l’époque), mais de manière plus sophistiquée. Partant du célèbre portrait de Descartes par Frans Hals exposé au Louvre, il fait faire de grandes photographies. A partir de celles-ci, projetées par un jeu de miroirs sur un papier, il reconstitue minutieusement ce que devait être le crâne du sujet. Devant l’académie et la presse, dans une atmosphère chargée d’électricité, il dévoile ses résultats qui coïncident avec le crâne conservé et retrouvé. La presse du monde entier se fait l’écho de la séance. »[16]

Le 23 novembre 1931, le poète-philosophe Paul Valéry a l’occasion d’examiner la relique : « Au muséum, chez Rivet, longuement manié le crâne de Descartes », note-t-il rapidement dans ses Cahiers. « Plus de dents, ni de maxilaires inférieurs. Crâne très bien équilibré. Bien conservé. Je note que les sutures ne sont pas soudées sur une assez grande longueur. »

Je ne sais quelles autres pensées – plus profondes peut-être – il eut en manipulant ce crâne vide, cette tête inhabitée… mais je ne peux m’empècher de me remémorer ces quelques vers du Cimetière Marin :

Le vrai rongeur, le ver irréfutable
N’est point pour vous qui dormez sous la table,
Il vit de vie, il ne me quitte pas !


0 – « La philosophie, en s’occupant de l’homme, n’a pas toujours été irréprochable, mais lui interdire d’en appeler à l’esprit, à l’âme, à la conscience et à la raison, autant et plus qu’à la matière et à l’organisme, c’est dépasser les droits d’une critique légitime. La psychologie, dans ses investigations, ne fait pas autre chose que d’aller de l’effet à la cause, de la pensée à ce qui la produit, ou bien du mode à son sujet d’inhérence. Quel est donc le penseur un peu raisonnable qui aurait la prétention de mieux connaître l’homme en supprimant cette partie de la philosophie qu’on appellerait bien l’histoire de l’âme, pour s’en tenir à l’histoire du corps? Supposons que vous ayez sur votre table, à droite, le crâne de Descartes ; à gauche, ses écrits : qui vous en apprendra le plus sur le grand philosophe et le grand mathématicien? Prenez d’une main le crâne de Shakespeare, de l’autre celui de Racine : le premier vous dira-t-il qu’il a porté la pensée d’où est sorti Hamlet, le second, la pensée d’où Phèdre est sortie? Non, ils vous apprendront qu’ils proviennent de deux individus de même espèce. Y verrez-vous au moins une différence de races? Cela est fort douteux; quant aux époques, aux mœurs; aux milieux différents, ils seront là-dessus muets comme des morts, le cerveau, le squelette tout entier ne vous en diraient pas davantage. Mais tout cela, vous le lirez dans leur âme, chose facile, ils l’ont mise dans leurs écrits. Au lieu de ces deux beaux génies, prenez tel ou tel individu : eu l’écoutant, en l’étudiant dans la manifestation de sa pensée, vous le connaîtrez comme homme, non comme bipède, et dans la plus noble partie de lui-même. Quant à son corps, jugez-en par analogie ou attendez qu’il soit devenu cadavre. Il suit de là que l’unique moyen d’arriver aune connaissance de l’homme aussi complète que possible, est de l’étudier dans sa double nature. Le côté physique appartient à toute science qui a droit de dire son mot sur le corps humain : le côté moral appartient à la philosophie : qui la récuse, à priori, se condamne à l’erreur. Le temps est loin où Socrate enseignait à l’homme que, pour se connaître, c’est l’âme qu’il faut étudier, car c’est elle qui constitue l’homme véritable. Quelques-uns ont poussé si loin cette opinion, qu’ils ont regardé le corps avec un dédain par trop superbe. D’autres (réaction inévitable) prennent par contraste le corps humain, et nous disent : voilà l’homme ; si vous voulez le connaître, étudiez-le dans ses membres, dans ses organes, dans son crâne autant que dans son cerveau, dans son cerveau plus que dans les opérations de son intelligence. A. l’histoire de la pensée, ils substituent l’histoire naturelle de l’homme, comme n’étant qu’un singe perfectionné. De part et d’autre on se croit dans le vrai, et de part et d’autre on se trompe, parce qu’une exagération est toujours une erreur. » Paul Rousselot, Confession d’un spiritualiste, in Revue Contemporaine, p. 246, 1866

1M.P. Broca, Sur le volume et la forme du cerveau, in Bulletins de la Société d’anthropologie de Paris, séance du 21 mars 1861.

2 – c’est le terme qui l’on emploi pour désigner le déplacement des reliques d’un endroit à un autre : translatio reliquarum.

3 « il y aurait une logique à ce que son crâne retrouve ainsi le lieu de formation de son esprit », estime Jean Petit, président de l’Association des amis de la bibliothèque du Prytanée. – rue89.com, Pourquoi Fillon veut-il le crâne de René Descartes chez lui ? – La Flèche est la ville où Descartes fit ses études de 1607 à 1615 au Collège royal Henri-le-Grand ; elle se situe dans la Sarthe, département dont François Fillon fut longtemps un élu – www.museedelhomme.fr

4 – « C’est cet amour de la liberté qui engage Descartes à fuir tous les engagemens, à rompre tous les petits liens des sociétés, à renoncer à tous ces emplois, qui ne font trop souvent que les chaînes de l’orgueil. Il falloit qu’un homme comme lui ne fût qu’à la nature & au genre humain. Descartes ne fut donc ni Magistrat, ni Militaire, ni Homme de Cour ( 14 ). Il confentit à n’être qu’un Philosophe, qu’un homme de génie, c’est-à-dire rien aux yeux du peuple. Il renonce même à son pays ; il choisit une retraite dans la Hollande. C’est dans le sanctuaire de la liberté qu’il va fonder une philosophie libre. » Antoine-Léonard Thomas, Eloge de René Descartes, 1765

5 – « Effectivement, lorsque les écrits de Descartes parurent, ils furent condamnés à Rome, le 20 novembre 1663, avec défense de les lire donec corrigentur. Baillet dit : comme les inquisiteurs n’ont donné à personne la commission de les corriger, le public, accoutumé À cette formule banale, n’a pas cru en pouvoir tenir compte, et discontinuer pour cela la lecture des ouvrages de Descartes. Messieurs du Port-Royal, dont tous les livres ont été censurés à Rome sans clause et sans restriction, prétendaient que ce n’était pas toujours une mauvaise marque pour un livre que d’être condamné à Rome, au contraire que c’était assez souvent une preuve de sa bonté. » Cours d’Histoire des Etats Européens, p.381

6Antoine-Léonard Thomas, Eloge de René Descartes, 1765 – c’est le vendredi 24 juin 1667, jour de la Nativité de Saint Jean, que sa dépouille fut transportée dans l’église Sainte-Geneviève du Mont, le service solennel eut lieu le lendemain

6bisAnnales générales des sciences physiques, séance du lundi 14 mai (1821), pp. 402-412

7 – « A l’occasion du crâne de Descartes trouvé il y a quelque tems en Suède, M. le Recteur Bidermann a fait imprimer ici une petite Dissertation assez curieuse; De reliquiis eruditorum. » Bibliothèque Impartiale, p.320, 1753 – Noter que cette date se situe aux alentours du centième anniversaire de la mort du philosophe ! On parle en France de cette découverte dès 1751 : Mémoires concernant Christine Reine de Suède, chez Pierre Mortier, 1751

8 – « (1) Voici, sur les restes de Descartes, une anecdote curieuse et peu connue. Nous la tirons du 1er. volume des Mémoires pour servir à l’Histoire de la reine Christine, imprimés à Amsterdam, en 1761. « On ne sauroit, dit l’auteur des Mémoires, pag. 228, passer sous silence un fait qui ne sera connu que de peu de personnes, que M. Hof, professeur au collège de Skara en Weslrogothie, vient de publier. C’est que l’officier des gardes de la ville de Stockholm qui eut la commission de faire lever le cercueil de Descartes, de l’endroit où il étoit enterré, et de le transporter en France, ayant trouvé moyen d’ouvrir la bierre, il en ôta le crâne de Descartes, qu’il garda le reste de ses jours fort soigneusement, comme une des plus belles reliques de ce grand philosophe. Après la mort de l’officier, ses créanciers, au lieu d’argent comptant qui les auroit fort accommodes, ne trouvèrent guère d’autre chose que ce crâne, qui a passé depuis en d’autres mains. Sur quoi, M. Hof dit qu’il l’avoir vu nouvellement chez un de ses amis à Stockholm, qui sembloit en faire grand cas ». Ce qui donneroit quelque crédit à cette anecdote, c’est qu’effectivement, les commissaires qui furent chargés de la translation des cendres et des ossemens de Descartes au Muséum ont déclaré n’avoir point trouvé son crâne, ou du moins n’en avoir trouvé qu’un fragment. » Jacques André Emery, Discours Préliminaire, p. cxxxiij-cxxxiv, in Pensée de Descartes sur la religion et la Morale, à Paris, chez Adrien Le Clere, 1811. – Lire l’anecdote originale : Mémoires concernant Christine Reine de Suède, chez Pierre Mortier, 1751

9 – « (1) Descartes mourut à Stockholm, le 3 février 165o , d’une inflammation aux poumons , qui l’emporta dans trois jours. Quelques années après sa mort , on transféra son cercueil à Sainte-Geneviève de Paris. L’officier suédois , chargé de cette commission , ouvrit secrètement le cercueil , et enleva le crâne de Descartes , qu’il cacha dans sa maison , et qu’on a trouvé à la mort de cet officier , avec ces paroles remarquables : « Ce seroit grièvement offenser les dieux tutélaires de la Suède, que de rendre la plus noble partie de ce grand philosophe François à son ingrate patrie ; elle n’est pas digne de posséder un trésor si précieux , ni de jouir d’un si grand bienfait. » Lettres de Marie Stuart, reine d’Écosse, et de Christine, reine de Suède, p. 127-128, 1807

10 – Hoegerflycht, Arkenholtz, Ahgren, Sparmann, … – Selon les Mémoires concernant Christine Reine de Suède, chez Pierre Mortier, 1751, c’est le professeur Hof qui écrivit, en latin, l’épigramme suivant : Parvula Cartesii fuit hæc calvaria magni / Exuvias reliquas Gallica busta tegunt / Sed laus ingenii toto diffunditur orbe / Mixtaque coelicolis mens pia semper ovat.

This small skull once belonged to the great Cartesius,
The rest of his remains are hidden far away in the land of France
But all around the circle of the globe his genius is praised,
And his spirit still rejoices in the sphere of heaven.

11 – « Le crâne de Descartes a été porté (lors de la vente de la bibliothèque du docteur Sparman, à Stockholm, vers 1829 [en fait, comme il est indiqué ailleurs, 1820]) à la somme de 100 fr. seulement. La curiosité a de ces ironiques vicissitudes. Le crâne qui a contenu tout un monde métaphysique, le crâne d’où est sortie toute armée la Minerve du cartésianisme, s’est vendu moins cher que ne se serait vendue, par exemple, la tabatière remplie de poudre sternutatoire destinée à chatouiller les muqueuses de cet illustre cerveau. Quel beau monologue on pourrait faire à cette occasion pour un nouvel Hamlet ! Nous éludons la tentation, de peur de ne pas surpasser celui de Shakespeare. » Mathurin Lescure, Les autographes et le goût des autographes en France et à l’étranger, p.35, 1865.

12La littérature française contemporaine, article BERZELIUS, p.420, 1842.Jöns Jacob Berzelius est un chimiste suédois – Georges Cuvier, zoologiste, promeut l’anatomie comparée, initiateur de la paléontologie… « Il n’est pas étonnant, d’après cela, que la forme de la tête et les proportions des deux parties qui la composent soient des indices des facultés des animaux, de leur instinct , de leur docilité , en un mot de tout leur être sensible ; et c’est là ce qui rend l’étude de ces proportions si importante pour le naturaliste. Nous verrons bientôt que l’homme est celui de tous les animaux qui a le crâne le plus grand et la face la plus petite ; et que les animaux s’éloignent d’autant plus de ces proportions, qu’ils deviennent plus stupides ou plus féroces. » Leçons d’anatomie comparée de Georges Cuvier, Tome IV, seconde édition, 1835. Il est à noter que de ces observations anatomiques, Cuvier en tire rapidement des conclusions affreusement racistes – Malgré son analyse, Cuvier ne succombe pas aux théories céphalognomoniques du Dr Gall : « On sait que Gall et Spurzheim publièrent en 1808 leurs Recherches anatomiques sur le système nerveux en général et sur le cerveau en particulier. Ils présentèrent le résultat de leurs travaux dans un Mémoire qui fut lu à l’Académie des sciences , et sur lequel M. Cuvier fit un rapport qui désappointa les auteurs. M. Cuvier vit dans ces recherches un travail anatomique remarquable, digne à plusieurs égards d’une haute considération; mais il ne put voir, comme l’auraient désiré les auteurs , aucun rapport entre ces travaux et les conséquences physiologiques qu’ils voulaient en tirer. » Laurent Cerise, Exposé et examen critique du système phrénologique, p.241, 1837

13Annales générales des sciences physiques, séance du lundi 14 mai (1821), pp. 402-412

14 – En 1821, Franz Joseph Gall « se mit sur les rangs pour entrer à l’Académie des Sciences », mais il n’obtint qu’une seule et unique voix (Biographie universelle, GALL, 1838.). La même année, Spurzheim est « reçu docteur en médecine par la faculté de Paris » – Pierre Flourens, De la phrénologie et des études vraies sur le cerveau, 1863. Ce livre est dédier à la mémoire de Descartes – Marc RENNEVILLE, Le langage des crânes. Une histoire de la phrénologie, Paris, Institut d’édition Sanofi-Synthélabo, 2000

15De la propagande Phrénologique en Angleterre, in Gazette Médicale de Paris, p.588, 1833 – cet article n’est pas signé, néanmoins on retrouve cette anecdocte dans La médecine et les médecins de Louis Peisse, 1857

16Hervé Dumez, Où repose René Descartes ? L’enquête – « Buste de Descartes » avec moulage incorporé de son crâne par Paul Richer (1912). Paris, École nationale supérieure des beaux-arts. – SKETCH IDENTIFIES SKULL OF DESCARTES ; Drawing Made from Franz Hals’s Portrait Removes Doubt of Relic’s Authenticity ; THE NEW YORK TIMES, January 26, 1913, Sunday – Paul Richer est notamment co-auteur avec Charcot d’un livre : Les démoniaques dans les arts, Paris, Delahaye et Lecrosnier, 1887

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