« Plus d’un, comme moi sans doute, écrivent pour n’avoir plus de visage. Ne me demandez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même : c’est une morale d’état-civil ; elle régit nos papiers. Qu’elle nous laisse libres quand il s’agit d’écrire. » Michel Foucault, L’archéologie du savoir, 1969.
Si l’on écrit pour n’avoir plus de visage, c’est que, quoi que l’on fasse, et quelque soit nos intentions, le texte a toujours l’effet d’un masque derrière lequel on se dérobe. Masque qui, sans aucun doute, cache… mais qui, avant tout, donne à voir. L’erreur serait de croire sans recule en l’image de soi – toujours un tant soit peu flatteuse – qui transparait dans les textes. Ce que l’on écrit pour n’avoir plus de visage, c’est pourtant ce qui reste de notre visage après que l’on ait pour de bon disparu.
1- Henri F. Ellenberger : une approche transculturelle
En replaçant la découverte de l’inconscient dans une histoire plus vaste que celle parfois exclusivement centrée sur Freud autour de qui on l’a trop rapidement restreinte, Henri F. Ellenberger est parvenu à ouvrir une brèche dans la pensée contemporaine. Son livre – à la découverte de l’inconscient, histoire de la psychiatrie dynamique[0] – reste aujourd’hui encore une référence dont, pour une raison ou une autre souvent contradictoire, on se réclame.
Lors de la polémique à propos du Livre Noir de la psychanalyse[1] son nom fut d’ailleurs cité par Elisabeth Roudinesco : « Bien entendu qu’il faut critiquer la psychanalyse : j’appartiens au courant historiographique inauguré par Michel Foucault et Henri Ellenberger, dont l’œuvre est aujourd’hui détournée par les auteurs du Livre noir. »[2]
Le lien entre Michel Foucault et Henri Ellenberger est bien plus étroit que la seule communauté de pensée où l’on pourrait rapidement les classer[2bis]… Bien que les biographies y fassent rarement allusion[3] : il est, je crois, pertinent de rappeler qu’à Poitiers, dans les années 30, le tout jeune Michel Foucault a côtoyé Ellenberger qui était souvent invité à la table du Dr Paul Foucault.
Après ses études à Sainte Anne[4], Ellenberger s’installe à Poitiers comme spécialiste des maladies nerveuses[5]. « De 1934 à 1940, Ellenberger pratiqua comme jeune psychiatre en Poitou où il observe combien les pathologies mentales rencontrées dans la province française diffèrent de celles de Paris. Il fut frappé par la persistance des croyances en la sorcellerie ou au mauvais sort. Il signale à quel point les malades, méfiant de la médecine officielle, consultaient secrètement les guérisseurs; il est étonné de constater que les gens par ailleurs sains d’esprit puissent croire qu’un humain puisse être transformé en loup par l’intervention d’une sorcière ou d’un magicien ou pouvaient attribuer leur maladie à des êtres étranges comme la galipote, la bigorne, le cheval-malet, ou les fadets. »[6] En collectant patiemment chansons, contes et croyances de cette région, il réalise finalement un véritable travail ethnographique[7] qu’il publiera en 1949 et 1950.
L’intérêt d’Henri Ellenberger pour l’observation des pratiques ancestrales n’est pas dû au hasard, il est profondément enraciné dans sa propre histoire familiale : « La famille Ellenberger est une famille de missionnaires [...] et d’intellectuels d’origine suisse, francophone et protestante, installée dans les pays d’Afrique du Sud. Le père (Victor Ellenberger, 1879-1972) et le grand-père (David-Frédéric Ellenberger, 1835-1919) font œuvre d’anthropologue, de chroniqueur et de traducteur. On leur doit l’édition de nombreux livres sur les pays où ils ont vécu, la traduction de romans, l’édition de récits traditionnels, etc. »[8]
« En 1941 », Henri Ellenberger « doit fuir l’État vichyste qui met en danger la nationalité française qu’il a récemment acquise. »[9] Il se réfugie, avec sa femme et ses quatre enfants, en Suisse.
Nous devons malheureusement nous contenter de ces quelques indications : elles nous permettent néanmoins d’esquisser le tableau (dont les tonalités semblent déjà s’opposer à la pensée rationnelle dominante) où vient s’inscrire la pensée naissante du jeune Michel Foucault.
2- Tentative de Suicide : un plaisir si simple ?
« Après avoir étudié la philosophie, j’ai voulu savoir ce qu’était la folie : J’avais été assez fou pour étudier la raison, j’ai été assez raisonnable pour étudier la folie. »[11] fanfaronne Michel Foucault. Mais c’est aussi plus vraisemblablement pour l’avoir expérimentée lui-même qu’il s’intéressa à la folie… Ainsi, on raconte qu’une fois « il pourchassa un de ses camarades étudiants à travers l’école avec un poignard ; un autre jour, un professeur le trouve étendu de tout son long sur le sol de la classe, sans chemise et avec des entailles de rasoir sur toute la poitrine. »[12] En 1948, il fait une première tentative de suicide qui nécessite un séjour à l’hôpital psychiatrique.
« Avec délicatesse mais de façon convaincante, Miller et Eribon s’accordent à reconnaître qu’une homosexualité mal vécue nourrissait les souffrances de Michel Foucault. Bien entendu, à cette époque, il n’y avait pas d’autre moyen pour un jeune Français de vivre son homosexualité que dans l’ombre, en connaissant la honte, l’émotion, l’ironie, le dégoût de soi et l’endurcissement qu’une telle vie engendre inévitablement. »[12]
« Les homosexuels, dit un traité de psychiatrie, se suicident souvent. Souvent m’enchante » écrira Michel Foucault, de nombreuses années après, dans un article publié dans le premier numéro du Gai Pied – journal homo dont le titre, au jeu de mot douloureux, aurait, dit-on[13], été trouvé par Foucault lui-même. Faut-il comprendre que le plaisir homosexuel constitue un guêpier auquel on ne peut échapper ou, plus vraisemblablement, selon la perspective sadienne dans laquelle Foucault s’est toujours placée, que ce piège est la condition même du plaisir ?
Toujours est-il que ce curieux article se propose de faire du suicide « un plaisir démesuré, dont la préparation patiente, sans répit, sans fatalité non plus, éclairera toute la vie. »[14] Car, en effet, « Il ne faut pas abandonner le suicide à des gens malheureux qui risquent de le gâcher et d’en faire une misère. »
On peut soupçonner que la triste description que Michel Foucault donne des jeunes homosexuels correspond trait pour trait à sa propre expérience : « Imaginons donc de longs garçons, fluets, aux joues trop pâles ; incapables de franchir le seuil de l’autre sexe ils ne cessent, leur vie durant, d’entrer dans la mort pour en sortir aussitôt en faisant claquer la porte à grand fracas. Ce qui ne manque pas d’importuner les voisins. A défaut de noces avec le bon sexe, ils se marient avec la mort. »[14] Marié avec la mort, Michel Foucault a donc frôlé la folie…
3- Dr Paul Foucault : le savoir médical
Dans la bibliothèque du Dr Foucault, on pouvait notamment trouver des livres anciens de médecine parmi lesquels le De historia medica mirabili, « ouvrage [qui] rapporte nombre d’observations curieuses sur des cas et des phénomènes comme les monstres, miracles, convulsions, épilepsie, double-vue, sexualité, etc. »
Fils de médecin, petit-fils de médecins, frère de médecin[15], Michel Foucault s’est, dans tous les sens du terme, trouvé cerné par le savoir médical – savoir qui était parvenu, affirmera-t-il, à « coder la folie comme maladie »[16], à en pathologiser les désordres, les erreurs, les illusions.
Il est clair pour Foucault que « le savoir médical justifie un pouvoir » – un pouvoir sur le corps, et en définitive sur l’être. Ce « pouvoir met [donc] en action le savoir et tout un dispositif de lois, de droits, de règlements, de pratiques, et [finalement] institutionnalise le tout comme étant la vérité même. »[17] Ce que Foucault n’a cessé d’écrire, c’est « une histoire qui ne serait pas celle de ce qu’il peut y avoir de vrai dans les connaissances ; mais une analyse des jeux de vérité, des jeux du vrai et du faux à travers lesquels l’être se constitue historiquement comme expérience, c’est-à-dire comme pouvant et devant être pensé. »[18]
C’est contre le pouvoir du père, contre son savoir érigé en vérité indéniable, que toute l’œuvre de Foucault se dresse. C’est au père qu’il pose cette question pour en ébranler la certitude : « A travers quels jeux de vérité l’homme se donne-t-il à penser son être propre quand il se perçoit comme fou, quand il se regarde comme malade, quand il se réfléchit comme être vivant, parlant, travaillant, quand il se juge et se punit comme criminel ? A travers quels jeux de vérité l’être humain s’est-il reconnu comme être de désir ? »[18]
Notons au passage que Foucault effaça très vite de son prénom d’état-civil – Paul-Michel – celui de son père : une surprenante explication, d’origine familiale, parle de l’homophonie de ce prénom composé avec Polichinelle dont on sait que le secret n’est jamais bien gardé[18bis]. Une persistante rumeur prétend que Michel fut obligé par son père d’assister à une amputation – ce qui l’aurait définitivement dégouté de la médecine[18bis].
Plus tard, il avouera ceci : « Peut-être, je trace sur la blancheur du papier ces mêmes signes agressifs que mon père traçait jadis sur le corps des autres lorsqu’il opérait. J’ai transformé le bistouri en porte-plume »[19] Son œuvre, élaborée contre la violence du pouvoir paternel, n’en est peut-être pas si éloigné par les effets sur le corps des autres des signes agressifs qui la constituent.
En 1948, à la suite de sa tentative de suicide, « son père l’amène consulter le professeur Jean Delay à l’hôpital St Anne, le grand psychiatre français de l’époque »[20] Bien que la preuve manque, il ne fait aucun doute pour moi que, d’une manière ou d’une autre, c’est Henri Ellenberger, ancien interne de Sainte-Anne, qui fit le lien entre la famille Foucault et Jean Delay dont il cite plusieurs fois le nom dans son histoire de la psychiatrie dynamique.
Arrivé dans le service de Jean Delay comme patient, Michel Foucault y restera quelques temps comme psychologue[20bis] !!
4- Jean Delay, psychiatre et académicien
Ce psychiatre, occupant depuis peu la chaire des maladies mentales et de l’encéphale (CMME), pensait que sa discipline était (ou devait être) « une science vive, ouverte, largement ouverte à ces problèmes fondamentaux dont aucun homme ne peut se désintéresser »[21] C’est sans doute cet esprit d’ouverture qui l’incita à se pencher sur La Jeunesse d’André Gide – homosexuel notoire – dont il écrira une psychobiographie qui fut accueilli par Jacques Lacan en ces termes : « Par Jean Delay la psychologie trouve avec la discipline littéraire un affrontement unique. La leçon est saisissante, car nous y voyons s’ordonner dans sa rigueur la composition du sujet. »[22]. Il faut noter que le professeur Delay hébergeait alors dans ses locaux l’encombrant séminaire du sulfureux psychanalyste[22bis]. Selon toute vraisemblance Michel Foucault suivra brièvement ce séminaire : il est intéressant de se souvenir que Lacan y élaborait le concept du Nom-du-Père et de sa forclusion !
Entre parenthèse, je voudrais juste ajouter que, comme Gide, et peut-être pour les mêmes raisons, Foucault séjournera à Sidi Bou Saïd en Tunisie.
Les travaux de Jean Delay se caractérise par « le souci constant de l’auteur d’intégrer données biologiques et psychologiques dans un ensemble cohérent. »[23] S’il commence par étudier les effets de l’électrochoc[24], il se tournera vers la technique de l’encéphalographie parce qu’elle est, selon lui, une « science qui consiste dans l’étude objective des rapports entre le corps et l’esprit. »[24bis]. Mais son titre de gloire, il le doit à une découverte qui « va révolutionner la thérapeutique psychiatrique du XXe siècle. »[25] : il démontre, avec Pierre Deniker, l’efficacité de certaines substances qui seront bientôt qualifiées de neuroleptiques… cette découverte ouvre la voie à la psychopharmacologie moderne.
Jean Delay et son équipe expérimentent alors tout ce qui peut produire un effet quelconque sur le psychisme : LSD, psilocybine, haschich… Le poète Henri Michaux se prêtera à ces expériences qu’il décrira de l’intérieur dans Connaissance par les gouffres[26]
5- Chomsky hash
Ce qui est frappant, c’est que la position de Michel Foucault vis-à-vis des drogues conserve intégralement cet esprit expérimental : « Ce qui me frustre, par exemple, c’est que l’on envisage toujours le problème des drogues exclusivement en termes de liberté et d’interdit. Je pense que les drogues doivent devenir un élément de notre culture. En tant que source de plaisir. Nous devons étudier les drogues. Nous devons essayer les drogues. Nous devons fabriquer de bonnes drogues – susceptibles de produire un plaisir très intense. Je pense que le puritanisme qui est de mise à l’égard de la drogue – un puritanisme qui implique que l’on est soit pour, soit contre – est une attitude erronée »[27]
« Adolescent, il avait exploré la pharmacie de son père chirurgien. Selon Daniel Defert, interrogé à ce propos, il disait que cette expérience avait bouleversé ses cadres de pensée, et qu’à ce titre il la considérait comme fondatrice ; s’il s’est gardé d’en parler, c’est que, conscient des dangers, il ne voulait pas s’en faire le promoteur. »[28]
D’après certaines indiscrétions, à l’occasion d’une intervention télévisuelle auprès de Noam Chomsky, Michel Foucault se serait fait payer avec du haschich : l’épisode est connu sous le nom de « Chomsky hash »[29]
6- oui, et alors ?
Parlant du travail de Michel Foucault à l’occasion du vingtième anniversaire de sa mort, Didier Eribon explique qu’il « s’agit d’apercevoir de quelle manière tous ces héritages du passé nous façonnent, nous fabriquent, définissent nos manières d’être, nos gestes les plus quotidiens, nos croyances les mieux installées. Soumettre ces héritages au regard critique, c’est se donner la possibilité d’en desserrer l’étau, et, par conséquent, de repousser, autant que faire se peut, les limites imposées à notre liberté par les pesanteurs de l’histoire. »[10]
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0 – Henri F. Ellenberger, The Discovery of the unconscious, The History and Evolution of Dynamic Psychiatry, New York, Basic Books, 1970 – à la découverte de l’inconscient, histoire de la psychiatrie dynamique, traduction J. Feisthauer, SIMEP-EDITIONS, 1974 – Histoire de la découverte de l’inconscient, Traduit de l’anglais par J. Feisthauer, Présentation par Élisabeth Roudinesco, Paris, Arthème Fayard, 1994. – « Il avait été très peiné de trouver beaucoup de coquilles dans la première édition française de son livre. À l’occasion d’une visite qu’il fit chez moi peu de temps après cette découverte, il s’empara à mon insu de mon exemplaire et corrigea plusieurs passages qui avaient été traduits sans rigueur. » Jacques Dufresne, Henri F. Ellenberger, un maître, in La Presse, mai 1993.
1 – Mikkel Borch-Jacobsen, Jean Cottraux, Didier Pleux, Jacques Van Rillaer, Le livre noir de la psychanalyse : Vivre, penser et aller mieux sans Freud, sous la direction de Catherine Meyer, Les Arènes, 2005. – Communiqué de Presse
2 – Elisabeth Roudinesco contre-attaque, in L’Express, 05/09/2005
2bis – Il est peut-être possible de citer ces deux auteurs pour servir la même cause… pourtant leur approche respective, outre le fait qu’elle prend appuie toutes deux sur l’histoire, n’en est pas moins très différente. Autant qu’on puisse en juger au travers la traduction de son livre, Ellenberger ne prétend pas en dire plus que ne lui permettent les faits historiques ; son style est sobre, transparent… Tel n’est pas le cas de Foucault dont le « style éblouissant, rigoureux, minutieux, qui rapidement vous emporte par sa force de séduction et sa puissance analytique » fait basculer cet auteur vers la pensée philosophique et la littérature : « [...] il était à la fois un grand philosophe (tourmenté, luxuriant) et un grand écrivain (fluide et sans faille). » Docteur Gaston JOSSE, Oublier Foucault ?, in Séminaire Professeur LAXENAIPE (MARS 1995)
3 – Il me semble bien que la biographie de Didier Eribon n’en parle pas – Didier Eribon, Michel Foucault, Paris, Flammarion, 1989 – Compte Rendu par Pierre Delorme in Nouvelles pratiques sociales, vol. 3, n° 1, 1990, p. 161-163.
4 – « Sur le plan de sa formation médicale, H. Ellenberger vient terminer ses études à Paris en intégrant l’internat des asiles de la Seine (1932). Henri Claude (1869-1946) détient alors la chaire des maladies mentales et de l’encéphale (CMME), mais c’est sous l’influence d’Henri Baruk (1897-1999) que H. Ellenberger présente une thèse sur la psychologie de la catatonie. Ensuite, il s’installe quelque temps à Poitiers en tant que médecin des maladies nerveuses. En 1941, il doit fuir l’État vichyste qui met en danger la nationalité française qu’il a récemment acquise. » Un voyage d’observation des psychothérapies aux États-Unis : Henri ELLENBERGER entre psychiatrie transculturelle et héritage janetien (1952) – Henri F. Ellenberger, Essai sur le syndrome psychologique de la catatonie, 1934 sous la direction de Pierre Janet ?
5 – Mark S. Micale, Henri F. Ellenberger : The history of psychiatry as the history of unconscious, in Discovering the history of psychiatry, pp. 112-134
6 – « Henri Ellenberger (1905-1993) » – Santé mentale au Québec, vol. 18, n° 2, 1993, p. 5-6.
7 – ELLENBERGER (Dr Henri), « Le monde fantastique dans la Vienne », t.I, 1949, t.II, 1950 – Henri Ellenberger était par ailleurs en contact avec, van Gennep, le créateur de l’ethnographie française : Arnold van Gennep, Manuel de folklore français contemporain se réfère plusieurs fois au Dr Henri et à son travail de collecte.
8 – Un voyage d’observation des psychothérapies aux États-Unis : Henri ELLENBERGER entre psychiatrie transculturelle et héritage janetien (1952) – Association Française pour l’Etude des Bushmen Artistes Txam (AFEBAT), Famille Ellenberger, éléments biographiques
9 – Un voyage d’observation des psychothérapies aux États-Unis : Henri ELLENBERGER entre psychiatrie transculturelle et héritage janetien (1952) – La raison pour laquelle, Henri Ellenberger doit quitter la France est somme toute un peu vague… la piste qui me semble la plus probable est celle-ci : en mai 1940, les éditions Gallimard publie Chaka, roman de Thomas Mofolo traduit du sesotho par Victor Ellenberger, le père d’Henri. La publication de ce roman est annoncée ainsi : « Un aventurier famélique, avide, sans scrupules, arrive, par son habileté et avec le concours de puissances occultes, à conquérir le pouvoir suprême. Identifiant son ambition avec la destinée de sa nation, il la réorganise sous une discipline de fer, institue le service militaire obligatoire, tourne toutes les activités du pays en vue de la guerre, puis, grâce à une tactique audacieuse, subjugue les peuples voisins, arrive de proche en proche à jeter des millions d’hommes dans un carnage indescriptible, cependant qu’ivre de sang il massacre même ses amis et ses bienfaiteurs, pour finir lui-même assassiné par ses proches, laissant sa nation épuisée et bientôt asservie par l’étranger. Pour éviter toute confusion, précisons que ces événements se passaient il y a un peu plus d’un siècle chez les païens sauvages de l’Afrique Australe, et que ce tyran sanguinaire se nommait Chaka, roi des Zoulous. » Malgré cette dernière précision, le livre est aussitôt interdit à la vente par l’occupant nazi ! – The Ellenbergers ( D.Frédéric, Victor, Paul): interpreting sesotho
10 – Didier Eribon , Foucault dans l’actualité, article publié dans Le Nouvel observateur le 21 octobre 2004, à l’occasion du vingtième anniversaire de la disparition de Michel Foucault. –
11 – Michel Foucault, «Truth,power,self : An interview» in Technologies of the self, a seminar with Michel Foucault, cité par Didier Eribon, Michel Foucault, Flammarion, 1989, p.104. – « Il n’y a pas de livre que j’aie écrit sans, au moins en partie, une expérience directe, personnelle. J’ai eu un rapport personnel complexe à la folie et à l’institution psychiatrique. J’ai eu à la maladie et à la mort aussi un certain rapport. » Michel Foucault, Dits et écrits, t.IV, Gallimard, 1994, p.46
12 – James Miller : La Passion Foucault, article par Mark Lilla, le lundi 30 janvier 1995.
13 – Édouard Delruelle, Métamorphoses du sujet: l’éthique philosophique de Socrate à Foucault, chap 3, L’éthique de l’actualité de Michel Foucault,
14 – Michel Foucault, Un plaisir si simple, Le Gai Pied, n°1, avril 1979, pp 1 et 10. in « Dits et Ecrits » (Tome 3 : 1976-1979), Editions Gallimard, collection Bibliothèque des Sciences Humaines, 1994. – Interview Daniel Defert sur la mort de M Foucault (Libé, 19 06 04)
15 – La famille de Michel Foucault, aussi bien du côté paternel (Paul Foucault) que du côté maternel (Anne Malapert), est fortement engagé dans la pratique médical – Prosper Malapert (1864-1925) – Pierre Prospert Malapert (1798 – 1887) : « Selon une tradition de famille, Malapert aurait été aux côtés d’Orfila, en 1840, au célèbre procès de Mme Lafarge. » Un pharmacien poitevin, élève d’Orfila
16 – Michel Foucault, Les Anormaux, Cours au collège de France
17 – « le savoir médical justifie un pouvoir, ce pouvoir met en action le savoir et tout un dispositif de lois, de droits, de règlements, de pratiques, et institutionnalise le tout comme étant la vérité même. » Foucault, Naissance de la biopolitique, p.50 – à écouter : Radioscopie, 10/03/1975
18 – Michel Foucault, L’usage des plaisirs, Paris, Gallimard, 1984, p. 12
18bis – « He hated being called ‘Paul-Michel’ and always referred to himself simply as ‘Michel’ [...]. Perhaps this was a rebellion against a father many describe as brusque and authoritarian, but both his brother and his sister offer an alternative interprétation. In the playground ‘Paul-Michel’ was easily corrupted into ‘Polichinelle’, the French equivalent to Punchinello, and that could become the basis for jokes about le secret de Polichinelle (an open secret). » David Macey, Michel Foucault, p.20, 2004 – dans le même livre : la rumeur concernant l’amputation à laquelle Foucault aurait assisté… ainsi que l’histoire du dessin du cadavre d’enfant qu’André Masson aurait donné au docteur Paul Foucault !
19 – cité par Ph. Artières, Dire l’actualité. Le travail de diagnostique chez Michel Foucault, in Foucault, le courage de la vérité, sous la direction de Frédéric Gros, 2002.
20 – David Labreure, Michel Foucault ,Psychiatrie et médecine, mémoire de maîtrise, Sous la direction de Mr Jean-François Braunstein, 2003-2004.
20bis – « Didier Éribon mentionne dans sa biographie (1991) qu’à l’époque où Foucault était à l’École normale supérieure, son père l’a emmené, à la suite de problèmes personnels, consulter l’éminent psychiatre de l’Hôpital Sainte-Anne, Jean Delay. Peu de temps après, Foucault fut l’élève de Delay alors qu’il préparait à l’Institut de psychologie son diplôme en psychologie pathologique, qu’il a obtenu en 1952. Durant la même période, il a travaillé comme stagiaire à l’Hôpital Sainte-Anne avec Delay et son collègue Pierre Deniker, s’occupant surtout des tests et des expériences psychologiques — tests visant, il va sans dire, à amener le corps à révéler lui-même ses propres vérités. En outre, Jean Delay, lui-même auteur d’une thèse doctorale en philosophie (« Les dissolutions de la mémoire »), a offert à Foucault de publier dans une collection qu’il dirigeait sa thèse qui deviendra Histoire de la folie. Pourtant, Delay n’était pas un « antipsychiatre » ; il a créé en 1939 le premier laboratoire français d’électroencéphalographie et il fut le premier à introduire l’électroconvulsivothérapie (ECT) en France (Étain et Roubaud, 2002). C’est également lui qui a inventé le mot « psychopharmacologie », et c’est à lui et à Deniker qu’est attribuée la découverte en psychiatrie des effets de la chlorpromazine, administrée en 1952 à un groupe de patients psychotiques agités dans ce même Hôpital Sainte-Anne de Paris (Delay, 1953). » Nikolas Rose, Foucault, Laing et le pouvoir psychiatrique, in Sociologie et sociétés, Volume 38, numéro 2, automne 2006, p. 113-131.
21 – Jean Delay, leçon inaugurale de la Chaire des Maladies Mentales et de l’Encéphale, 1947 ?.
22 – Jacques Lacan, Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir, Critique n° 131, pp. 291-315, 1958
22bis – « Au cours d’un séminaire qui est déjà dans sa sixième année, et auquel depuis quatre ans le Professeur Jean Delay a donné abri de son service à Sainte Anne, le Dr. J. Lacan développe – doctrine et exercice – les principes implicites à une pratique qui, faute de les dégager, s’obscurcit, non sans effets délétères. » Jacques Lacan, Curriculum présenté pour une candidature à une direction de : psychanalyse à l’École des Hautes Études, 1957, in le Bulletin de l’Association Freudienne n° 40 pages 5 à 8.
23 –
24 – Jean Delay, L’électrochoc et la psychophysiologie, 1946.
24bis – Jean Delay, L’électricité cérébrale, 1950. – Jean Delay, Les ondes cérébrales et la psychologie, PUF, 1942.
25 – « En 1952, la découverte de la chlorpromazine (Largactil®), premier neuroleptique antipsychotique, va révolutionner la thérapeutique psychiatrique du XXe siècle. » M.Van den Berghe, Plus d’un siècle de thérapies biologiques en psychiatrie, Symposium Saar-Lor-Lux du 19.10.2005 au CHNP à Ettelbruck. – lire aussi cet article sans nom d’auteur : Le premier neuroleptique : libération du fou ou démission sociétale ?
26 – Jean Delay mène « depuis 1951 à l’Hôpital Sainte-Anne de Paris des recherches pour l’application de ces produits dans le traitement de certaines formes de folie en faisant prendre à des sujets sains volontaires, surtout pour le L.S.D 25 et la psylocybine. Michaux s’y est lui-même prété [..] » Anne Le Bouteiller, Michaux : les voix de l’être exilé, note 22, p.369 – à voir : Images du monde visionnaire, film d’Henri Michaux et d’Eric Duvivier (1964, 38 min)
27 – Michel Foucault, in The Advocate, en 1984.
28 – Anne Coppel & Olivier Doubre, drogues : risquer une question, .
29 – « Foucault had received, in partial payment for his appearance, a large chunk of hashish, which for months afterwards, Foucault and his Parisian friends would jokingly refer to as the « Chomsky hash ». » James Miller, The passion of Michel Foucault.
Textes :
Videos :
Michel Foucault par lui-même – ARTE
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